Et si nous faisions tous la sieste en entreprise ?

« La sieste au travail ». Deux mots que les générations précédentes n’auraient jamais imaginé dire au sein d’une même phrase. Pourtant il s’agit d’un phénomène dont on parle de plus en plus et qui inspire par ailleurs de nombreux experts. Parmi eux, nous pouvons citer David Dinges, chercheur et spécialiste du sommeil, mandaté par la NASA, qui a prouvé que les siestes quotidiennes de moins de 30 minutes amélioraient de 34% la productivité. Mais également, Richard Wiseman, psychologue et chercheur à l’université d’Edimbourg qui a quant à lui prouvé récemment que la sieste courte avait des répercussions sur le bonheur. ll nous explique, en effet, que la sieste est avant tout un besoin naturel chez l’homme : le sommeil de l’homme est bi-phasique, il se doit de comporter une phase longue et une phase courte, qui est tout autant importante pour son équilibre.

Qu’est ce qu’une micro-sieste ?
Aussi appelée, « power nap » ou bien « sieste-flash », la micro-sieste est un court temps d’endormissement pendant la journée, qui permet de récupérer rapidement. La durée idéale de la micro-sieste se situe entre 5 et 20 minutes, pas plus, car cela correspond aux deux premières phases du sommeil : la somnolence et le sommeil léger. Moins de 10 minutes cela permet de récupérer, mais c’est à chacun de trouver la durée qui lui correspond. Toutefois, au-delà de 20 minutes, on entre dans la phase de sommeil profond. Ce qui risque de rendre le réveil difficile, d’avoir plus de mal à se reconnecter avec la réalité, mais aussi de perturber son rythme de sommeil au final.

Bon à savoir !

Il existe plusieurs formes de siestes possibles :

• la micro-sieste : entre 15 et 30 minutes (catnap) ;
• la sieste–relax : la plus répandue, jusqu’à 30 minutes maximum (power-nap) ;
• la sieste royale : jusqu’à 90 minutes ;
• la sieste-café : prendre une tasse de café avant une sieste-relax. Après la sieste, on obtiendra un double avantage sur l’organisme : celui de la sieste et celui de la caféine.

Quels bienfaits ?
La sieste-relax permet de se détendre et de se reposer en peu de temps, tout en étant opérationnel dès le réveil. Elle a donc l’avantage de favoriser la concentration, de baisser les niveaux de stress, mais également d’améliorer la mémoire etc. Tout cela est bien beau, mais concrètement, intégrer la sieste dans une entreprise, comment fait-on, et surtout qu’est-ce que cela donne ? Parce que finalement, tout le monde le sait que la sieste est bénéfique. Mais lui donner une place dans un milieu professionnel, c’est beaucoup moins évident, notamment en France, où nous avons tendance à associer sieste et paresse.

Briser les tabous pour réussir l’intégration de la sieste au travail
Si intégrer la sieste au sein de son entreprise est une initiative louable, on constate tout de même qu’il y a une certaine façon de faire. En effet, lui donner sa place dans un milieu professionnel, n’est pas tout à fait évident, face notamment aux nombreux complexes et préjugés qui demeurent encore très présents dans l’esprit des Français. Néanmoins, la sieste commence peu à peu à trouver sa place au sein des entreprises occidentales, en s’inscrivant notamment dans cette nouvelle tendance qui vise à se concentrer sur le bien-être de ses équipes afin d’accroître leur performance.

Pour réussir l’intégration de la sieste dans l’entreprise, il ne faut pas négliger certains aspects comme l’appui de la direction et la sensibilisation des équipes ! Elodie, Chargé des Ressources Humaines chez H&M, nous livre la clé du succès de leur initiative : « Dès lors que l’équipe dirigeante est à l’initiative de ça, tous “tabous” ou préjugés potentiels sont évités. D’autant plus que nos collaborateurs sont très impliqués, les zones de conforts sont une réelle nécessité pour faire “refroidir” les cerveaux et les corps de chacun ». Une salle de sieste dite salle zen, à l’agencement feng-shui, en plus de la salle de repos « classique », a été mise en place dans les H&M dont la surface le permet, à savoir 5 magasins en Ile-de-France.

Chez Bolloré, en complément de l’espace de sieste, leurs équipes ont été sensibilisé grâce à une campagne : des affiches et des interventions de spécialistes du sommeil ont été mis en place. Divers ateliers tels que des séances de yoga ou encore d’ostéopathie, sont également proposés aux salariés entre midi et deux. « Ces ateliers ont beaucoup aidés les gens notamment celui du yoga, et de la micro-sieste, on  apprend voir ré-apprend à être à l’écoute de son corps et c’est plutôt sympa quand on voit le nombre d’heures supplémentaires qu’on n’est amené à faire. Mais honnêtement, il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes. Aller savoir pourquoi … » nous confie Zahira, salariée chez Bolloré.

Quoi qu’il en soit, la micro-sieste commence peu à peu à trouver sa place dans les entreprises, qui tentent doucement mais sûrement de démocratiser la pratique de la sieste en leur sein.

Cindy Barthélémy